Une condamnation à la privation des « phénomènes saturés » Au plan existentiel, dans la vie des condamnés à l’emprisonnement et au placement sous surveillance électronique, il n’y a pas place pour ce que J.-L. Marion nomme les « phénomènes saturés ». Qu’estce à dire ? Un phénomène saturé est un événement qui nous submerge, en raison de sa beauté, de sa grandeur, de son originalité, c’est un trop-plein d’expérience. Il est moins du côté du concept que du côté de l’intuition, il n’est pas d’abord vu, mais ressenti. En lien avec la perception sensible et dépassant le cadre de la rationalité, le phénomène saturé invite le sujet à s’ouvrir à l’inconnu, à la truculence ou à l’épaisseur du donné intuitif. Comme il n’est pas représentable, visible ou géométrisable, il n’est pas répétable à l’identique, et exige même la patience de l’accueil et un taux d’écoute exceptionnel.